Un dimanche soir, fin juin, dans le cloître du lycée Henri IV. Trois garçons glissent sur leur skate, une bière à la main. Dans quelques minutes, le défilé Acne, ultime show des collections masculines, doit commencer. Aucun stress détectable chez ces mannequins, contrairement aux habitudes de la mode parisienne où l’hystérie est, traditionnellement à cet instant, à son comble.
Vingt minutes plus tard, il est clair pour l'assistance que la marque suédoise de prêt-à-porter qui, au départ a assis sa réputation sur des jeans coupés au millimètre, vient de signer un défilé cool, sans prétention et en même temps très abouti. Jonny Johansson, cofondateur en 1996 de la marque et également designer des collections, explique : «La différence entre la perception de la mode en Suède et la façon dont elle est vécue à Paris est immense. Nous, les Suédois, ne sommes pas du tout dans l'extravagance, ni dans l'élitisme. La mode est influencé par notre approche démocratique.»
«Mon travail, poursuit-il, c'est d'abord de faire des vêtements portables. La mode, c'est fait pour ça, non ?» Comme tout le monde, les dernières tendances l'intéressent à titre personnel mais son but reste d'abord que ses clients «puissent porter [mes] vêtements longtemps, sans qu'ils soient démodés en six mois».
Au départ d’Acne, on trouve un collectif créatif qui touche aussi bien au design graphique, à l’édition, à la pub, à la production de film qu’à la mode. Cette dernière activité