Il travaille pour Puma comme il conçoit une vidéo pour la Biennale de Venise. Dans le paysage de la mode mondialisée, Hussein Chalayan occupe une place à part. Une sorte d’ovni qui, sans efforts apparents, concilie exigences commerciales et artistiques. Cette démarche singulière est mise en lumière au musée des Arts décoratifs à Paris qui, pour la première fois en France, consacre à ce couturier hors norme une grande rétrospective.
«Chalayan a son propre registre créatif mais ses robes tiennent sans le discours artistique, explique Pamela Golbin, commissaire de l'exposition, conservatrice en chef aux Arts décoratifs. Conscient du marché, il n'oublie pas que la mode est une industrie. Il est rare de trouver chez un même créateur cette double préoccupation.»
Né à Chypre en 1970, installé à Londres, formé au Central Saint Martins College, Hussein Chalayan évolue entre les mondes, de la mode à l’art, de l’Occident à l’Orient. C’est avec un défilé choc qu’il se fait connaître du grand public en 1998. D’une femme dénudée à une femme voilée, il n’y a qu’un bout de tissu qui se rallonge au fur et à mesure des passages des mannequins pour donner un ersatz de burqa masquant l’ensemble du corps. Il interroge les rapports entre identité et codes religieux, la démarche fait scandale et lui vaut menace.
Hussein Chalayan peut se permettre cette liberté créative, il jouit d’un statut exceptionnel partagé par peu de couturiers à travers le monde. Pas de LVMH ni de PPR derrière