Samedi soir se déroulait le show sans doute le plus couru de cette fashion week parisienne : la première collection de Mister Kanye West, rappeur, producteur et très fin connaisseur de la mode. Une bouffée d'oxygène soufflait aux alentours du lycée Henri IV, où se pressait des centaines d'ados, blancs, noirs, jaunes attirés comme des aimants par l'idole de leur génération. En grimpant les escaliers, on croisait le regard des élèves de prépa, sortis un soir de leurs révisions pour contempler la faune fashion qui envahissait leur espace. La bibliothèque du lycée était pour un soir recouverte de blanc et de néons, comme un bloc stérile.

Dès le lancement de la bande-son, on se dit que Kanye West est bien le seul à ne pas avoir besoin de sound designer pour accompagner son show. Un rap lourd et futuriste résonnait dans les enceintes quand arriva la première fille, vêtue d'une jupe et d'un top en cuir, très près du corps, travaillée dans le moindre détail. Azzedine Alaïa, présent dans l'assistance, apprécia certainement cet hommage discret.

Son show fut à l'image de sa musique : un sens inné du sampling, jouant avec les époques et les matières. Les filles de Kanye West, très sexy dans leur allure, ressemblaient à des James Bond Girls avant-gardistes et glacées. Certaines robes étaient simplement maintenues par un large zip noir sur des dos nus et les jupes moulaient la peau bronzée des modèles. Un pantalon empiété d'un bleu électrique évoquant une cavalière hip hop fut sans doute le