Nouveau directeur artistique de Paco Rabanne, l’Indien Manish Arora est un créateur mondialisé, qui jongle avec le temps, Skype et les avions. A Paris, son studio de création est installé rue François Ier, large pièce où il ne tient pas en place.
Avez-vous accepté tout de suite cette collaboration ?
J’ai hésité. J’ai ma propre marque en Inde, mon studio de création et mon atelier sont à New Delhi avec 250 personnes qui travaillent pour moi. Préparer deux collections à la fois, c’est deux fois plus de travail : deux spectacles, deux équipes, deux bureaux. La seule chose en commun, c’est moi.
Comment organiser mon temps de travail, préserver ma vie personnelle ? En fait, je n’ai plus de vie privée, tout se mélange. Je travaille énormément, je dors peu, je ne sais pas combien de temps cela va durer (rire). Ma seule respiration est le trajet en avion entre Paris et New Delhi : neuf heures de vol où je ne parle plus à personne. Comme un temps suspendu.
Qu’évoque pour vous Paco Rabanne ?
Quand je me suis retrouvé à Paris au milieu de ses archives - 200 robes haute couture -, j’ai eu un choc : je ne pensais pas partager à ce point avec lui cette même approche de la couture. Paco Rabanne a eu le courage d’utiliser très tôt des matières hors normes : le métal évidemment mais aussi le goudron, le plastique. J’aime aussi transformer des objets du quotidien en objets de mode. De cadrans de montre, j’ai fait une robe. Nous avons en commun la même obsession pour le jersey métal, le même goût pour le travail artisanal.
L’avez-vous rencontré ?
J’ai fait sa connaissance en juin. Il m’a dit :