C’est un antre très spécial, un atelier en forme de cabinet de curiosités, une quincaillerie surréaliste où sont entreposés des assiettes en céramique, des peaux de crocodile, des verres en cristal ou des carrés de soie.
Dans les ateliers de la maison Hermès à Pantin arrivent les matériaux écartés : ils cachent un petit défaut, une imperfection souvent invisible à un œil non averti.
Dans cette cave magique, Pascale Mussard, directrice artistique de «petit h», ausculte, trie et assemble ce que bon lui semble pour inventer ce qu’elle a baptisé des Opni (objets poétiques non identifiés).
Une pierre enserrée d'une lanière de cuir devient un cale-porte. Des rondelles de cuir («des confettis de veau Tadelakt», pour rester dans la veine poétique de la maison) forment des poignées de corde à sauter. Des haltères translucides sont inventés avec de la cristallerie de Saint-Louis.
Les artisans qui l’entourent collaborent ensemble, chacun apportant sa vision, son expérience de corps de métiers. Plus d’une dizaine d’artistes extérieurs ont déjà été invités dans ce laboratoire, qui, d’une certaine façon, pousse à son maximum la logique de la maison-mère créatrice des pièces faites pour durer toute une vie.
Chez Pascale Mussard, le désir de re-création vient de loin. Elle se souvient de ce jour où sa grand-mère, Aline Hermès, «avait enfilé sur sa robe une chute de cuir taillée à l'emporte-pièce, dont les parties manquantes avaient servi à la confection d'un sac».
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