Plus virevoltant que jamais, Karl Lagerfeld a présenté hier soir dans une immense galerie en béton (dix mètres de hauteur sous plafond ?) du Grand palais, la collection Chanel «Paris-Bombay». Soit, comme chaque année en décembre, une manière de célébrer les «métiers d'art», ceux qui, au sein de la maison Chanel, confectionnent tout ce qui brille : plumes, orfèvrerie, broderies, parures.
Le fête avait des allures, et c'était le but, d'un goûter chez le maharadjah, à Jaïpur ou Delhi. Comme par un coup de baguette magique, on était transporté dans un palais débordant d'un luxe si ostensible, mais raffiné, qu'il en devenait irréel, un luxe hypnotisant ses visiteurs aussi sûrement que le fakir dans les Cigares du Pharaon. Recouvertes de nappes couleur ivoire, deux loooongues tablées se faisaient face, séparées par une tout aussi interminable table qui croulait sous les corbeilles de fruits exotiques à trois étages, les jetées de pétales, les chandeliers et autres merveilles d'argenterie, parmi lesquelles, c'était le comble, le clou, le hit, circulait un petit train électrique transportant des carafes de whisky (aux armes « CC »).
© Benoît Peverelli
Une opulence en forme de déclaration de guerre, ou plutôt de plaisir? Karl Lagerfeld dira en effet, après le show, qu'il n'est pas question de «se laisser aller à la morosité». Et de défendre le luxe français, pourvoyeur d'emplois, et de s'en prendre, avec son mordant légendaire, aux agences de notation