Qui a dit que le boulot des stylistes était de dessiner des fringues ? La mode change et ils sont loin les fantômes d'Yves Saint Laurent ou de Coco Chanel passant nuit et jour à fignoler le tombé d'une robe, à redessiner les plis d'une chemise. Aujourd'hui, les couturiers créent. Mais pas uniquement. Ils sont hommes ou femmes d'affaires, stratèges, publicitaires, parfois même célébrités. L'univers du luxe est entré dans l'ère des creative directors, ceux sur qui reposent le destin et l'identité d'une marque. Ainsi, Christopher Bailey, 40 ans, est «directeur général de la création» de la marque Burberry, qualité qui lui donne la responsabilité - on retient son souffle - de «la conception de l'ensemble des collections et produits de la marque, mais aussi de la communication, de la direction artistique institutionnelle, du design architectural, des contenus multimédia et de l'ensemble de l'image de marque». Beaucoup pour un seul homme donc, surtout à l'aune des chiffres stratosphériques de la marque britannique fondée en 1856 : un milliard d'euros de chiffres d'affaires au premier semestre 2011, un taux de croissance faramineux, des ouvertures de boutiques partout dans le monde. Et c'est justement à l'occasion de l'inauguration d'un flagship store (comprenez : luxueux magasin amiral) rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris que l'Anglais s'est prêté au jeu de l'interview. Un exercice qu'il n'apprécierait guère, étions-nous prévenus.
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