Est-ce de l’art? De la mode? Au fond, peu importe, étant donné la facilité avec laquelle le système de l’hyperluxe contemporain abat les barrières et fait collaborer les artistes les plus pointus avec les grandes maisons. Après Josef Albers et Daniel Buren, Hermès a fait appel au photographe japonais Hiroshi Sugimoto pour la troisième édition spéciale de son célèbre carré de soie.
De ce projet, au titre presque Garrelien de «Couleurs de l’ombre», et de l’œuvre du plasticien nippon de 64 ans, connu pour son goût du classicisme et ses photos en noir et blanc, on pouvait s’attendre à des tons ternes. Au contraire, ce sont des rouges, jaunes, verts et bleus éclatants qui s’impriment sur ces carrés de soie de 140 centimètres de côté.
Des couleurs issues de clichés pris par Hiroshi Sugimoto dans son atelier tokyoïte au petit matin, la lumière se réfléchissant sur un prisme de cristal: «Je voyais un arc-en-ciel se former, j'ai donc pris en photo des détails du spectre avec un polaroïd.» Un format «qui est comme une espèce en voie de disparition» et qui a été zoomé et travaillé dans les ateliers lyonnais de soieries Hermès pour obtenir le parfait twill, la technique de tissage des carrés. Le résultat? Vingt modèles édités en sept exemplaires chacun.
Hyper-exclusif, hyper-abstrait, hyper-cher (7 000 euros pièce), hyper-beau, hyper-TOUT, en gros. Et Hiroshi Sugimoto de s'amuser face à ces œuvres-foulards: «Les couleurs, la composition, évoquent presque les peintures