Milan et Paris, récentes capitales du prêt-à-porter masculin et de la haute couture féminine, en ont vu passer des défilés (plus de cent !), que l’on résume ici en cinq grosses tendances, accompagnées d’une analyse de l’école belge qui explose autour de Raf Simons (Dior), d’un récapitulatif de la transhumance people de saison, et enfin d’un constat : le vêtement, dans son apparente futilité, reste un repère intangible, un miroir dans lequel on se regarde même par temps couvert. Car si Milan fut assez coloré, Paris a donné l’impression d’un monde bien sombre, presque hivernal.
Voyages, voyages
La bohème, ça ne veut peut-être plus rien dire à Aznavour, mais ça parle toujours aux créateurs. Riccardo Tisci, pour la haute couture Givenchy, invente, par exemple, une gypsy queen aux robes de cuir tressé comme du raphia. Ebouriffant. Chez l'homme Louis Vuitton, l'Anglais Kim Jones propose une énième variation du marin. Mais il s'amuse et dessine, en plus de traditionnels costumes croisés, des tenues de plongée et des gilets de sauvetage. Jean Paul Gaultier succombe doublement à l'appel de l'ailleurs : son défilé couture, orientalisant, rappelle l'époque où le chic européen s'invitait dans les fumeries d'opium ; et sa collection homme figure un marin (encore !) accosté en Inde, la tête enturbannée, les vareuses perlées. Atterris non loin, Viktor & Rolfse piquent, eux aussi, d'artisanat local ; les costumes sont brodés de