Vendredi soir, au Palazzo Reale à Milan, le monde de la mode se réunissait pour un hommage à l'une de ses plus exceptionnelles figures, l'éditrice Anna Piaggi, créature exubérante, poudrée, maquillée et chapeautée, disparue cet été à 81 ans. Plus de 200 personnes, dont Carla Fendi, Franca Sozzani, Stephen Jones ou Manolo Blahnik, ont rendu hommage à une légende fashion, dans la lignée des disparues Isabella Blow ou Diana Vreeland.
La veille, c'est la créatrice Miuccia Prada, autre grande dame de l'industrie du pays, qui stupéfiait ses invités et prouvait, si besoin était, qu'en sus de diriger un mastodonte commercial, elle restait une créatrice des plus acérées, productrice d'une esthétique quasi sociétale.
Voilà le pitch Prada : les mannequins, les lèvres peinturlurées de rouge, défilent sur un anguleux podium noir cerné de colonnes sombres. Les manches des vestes s'élargissent, des motifs de fleurs grises comme des photogrammes s'impriment sur le poitrail. Perchées sur des chaussures de geisha revisitées, transpercées ou portées avec des chaussons lamés, les top-models avancent dans des tenues japonisantes, couleur charbon ou vert bouteille, des motifs de pâquerettes rouges dans le dos. Mais l'inspiration nippone, évidente, n'est ni pure ni aseptisée. Miuccia Prada évoque plutôt un Japon paumé, en pleine reconversion post-Fukushima. Ou post-mortem, comme ce top vert pâle.
Malgré la couleur qui apparaît ça et là, une noirceur envahit