Avant le début du défilé Armani Privé, le créateur se cachait dans un recoin de la salle, inspectant les rangs des invités et commentant pour une flopée d'assistants l'arrivée de ce beau linge : quelques actrices, dont Claudia Cardinale, enveloppée d'un nuage de parfum très odorant, ou Liliane Bettencourt, dont l'attitude au premier rang était, avouons-le, d'une nonchalance assez élégante. Sur le podium, les top-models portaient de drôles de toques s'apparentant à des rubans XXL pliés. Des baguettes circulaires (des manches de fouet ? des longues-vues ?) se nichaient sur toutes les tenues, attachant l'épaule d'un gilet ou le dos d'une robe. Devant tant de tailleurs-pantalons ou de robes de cocktail en soie couverts de motifs Jacquard, les clientes, en grande majorité italiennes, applaudirent à tout rompre. Mais Liliane, elle, resta impassible.

Entre les imposantes statues du musée Bourdelle, dans le XV^e arrondissement parisien, Bouchra Jarrar faisait défiler les silhouettes de sa septième collection couture. Et l'appellation «couture», si vénérable (et vénérée), se justifiait ici pleinement. La dégaine était neutre, luxueuse. Peu de robes, beaucoup de pantalons en laine bleu nuit, de somptueuses écharpes rayées noir et blanc, des vestes découpées dans du feutre roux. Ou encore ce manteau en «cuir velours» couleur encre, qui impressionnait par sa sobriété. Une allure impeccable («intemporelle» diraient les fashionistas) signée par c