Que récompense-t-on quand on remet un prix à un jeune créateur ? L'inventivité de sa démarche ou la beauté de sa création ? Pour le jury de ce 28e festival de mode à Hyères présidé par Felipe Oliveira Baptista, la question en forme de nœud gordien s'est posée. Car sur les dix collections, peu réunissaient ces deux qualités.

D'un côté, certains candidats ont brillé par la mise en œuvre d'une idée. Camille Kunz par exemple, proposait une collection masculine de premier abord assez vilaine, uniquement dans les coloris vert pomme et marron. Mais la Suissesse a expliqué avec humour et compétence comment elle travaillait sur le banal, et revisitait la garde-robe adolescente de ses trois frères: en ôtant les coutures des sweatshirts, en repensant les poches des pantalons de jogging, en reprenant les motifs du carrelage de la cuisine familiale (marron donc) pour créer un nouvel imprimé. Quant au vert, «c'est la couleur idiote qu'un ado utilise pour se démarquer». Elle non plus ne l'aime pas. Mais trouve intéressant de s'y attaquer.

À l'opposé de cette théorie, d'autres candidats se sont lancés dans l'exaltation de l'élégance. La Chinoise Shanshan Ruan par exemple : «Quand on voit quelque chose de très beau, on ne peut pas s'en souvenir avec précision. Il ne reste que des images floues. C'est ce que