Menu
Libération

Un ethnologue attiré par les cheveux

Article réservé aux abonnés
Michel Messu propoe une enquête fouillée en partant des salons de coiffure pour analyser notre relation au capillaire.
publié le 13 juin 2013 à 11h34

«De ce point de vue, le cheveu illustre parfaitement la sentence durkheimienne selon laquelle nous avons tendance à aimer ce qui nous contraint, à nous soumettre à ce qui s'impose à nous avec la force de l'évidence, la puissance de l'allant de soi.» Waouh. Durkheim et les tifs, on n'y aurait pas pensé, mais maintenant que Michel Messu l'assure, ça parait évident: «Dire le cheveu, c'est déjà énoncer ce qu'en dit le social, la manière dont celui-ci va le contraindre à être ceci ou cela: être un homme ou une femme, un puissant ou un faible, un Italien ou un Français sous Louis XIII, un colonisateur ou un colonisé au XXe (..), un conformiste ou un rebelle de tous temps.»

Voilà, c'est dit, le cheveu a son sociologue et ethnologue, chercheur au CNRS, professeur à la fac de Nantes. Prof de cheveux? Non, ça c'est coiffeur titulaire, l'ethnologue s'est borné (si l'on ose dire, car l'ouvrage est fouillé comme les cheveux du petit avec un peigne à poux) à aller enquêter dans les salons de coiffure du monde entier, à fouiner sur les gestes quotidiens et les rituels avec lesquels nous entretenons notre patrimoine capillaire, à en raconter l'histoire (du cheveu), à en torturer la symbolique dans ce passionnant Un ethnologue chez le coiffeur. Comme on lirait Mon coiffeur chez les indigènes, tant ça s'avale comme un récit de voyage plutôt marrant sur certains chapitres, notamment ceux sur la vie dans les salons, le métier de coiffeur, ce qu'on v