«Ça va? Je ne vous ai pas trop saoulée de mots? » C'est une fin d'interview comme une autre, une petite heure et demie, mais Judith Chemla s'inquiète d'avoir trop parlé. A peur qu'on la prenne pour «une mystique invétérée». Peut-être d'avoir dit, par exemple, ceci à propos de Paul Claudel: «Ses mots, c'est plus grand que la terre, comme s'ils étaient liés à la matière du monde, à la transformation profonde des choses, ça vous déchire les entrailles.» Ou cela du jeu de comédien: «On n'est absolument pas limité, on est infini, on est le monde entier, une pure émanation de vérité.»
Oui, les forces cosmiques se sont donné rendez-vous dans la conversation de Judith Chemla, mais elles en font tout le charme. A 29 ans, la comédienne au parcours théâtral impeccable (Conservatoire/ Comédie Française), qui vient d'accéder à une notoriété plus grande (grâce à Camille Redouble et Engrenages), apporte son piquant hors-norme à un paysage souvent bien lisse, en tout cas dans son versant jeune-actrice-de-cinéma.
Judith Chemla, elle, avoue avoir voulu être comédienne pour «ex-pri-mer ! Pour être dingue ! Faire des choses dingues, exploser !» Et c'est grâce à une tranche d'âge semi-dingue, l'adolescence, qu'elle fut révélée l'an passé dans le film de Noémie Lvovsky. Elle incarnait une Josepha pleine de morgue et d'assurance crâne, sautant par la fenêtre d'une salle de classe au lycée, dansant quasi-nue au bord d'une piscine municipa