C'est une belle jeune femme de 36 ans qui reçoit dans un grand appartement, à quelques rues de la gare de l'Est. Expansive, à l'aise, tutoyant d'emblée, elle fait le tour du propriétaire de son pied-à-terre parisien, décrit des objets disposés là comme dans un cabinet de curiosités. Quelques photographies, dont un portrait du mannequin Natalia Vodianova par Paolo Roversi («un ami»), et des tableaux contemporains.
Le balcon est gardé par deux sculptures grandeur nature de soldats asiatiques. Jiang Qiong Er allume de l'encens, met un disque de musique traditionnelle chinoise, et s'arrête près d'une table. D'un geste, elle montre un service à thé, chacune des tasses enserrée dans une armature de bambou très fine. Puis, s'emparant d'une grande coupelle blanche, elle fait tinter son ongle contre la paroi, ce qui déclenche un bruit de cymbale. «C'est de la porcelaine coquille d'œuf, très complexe à réaliser, ce sont les meilleurs artisans chinois qui l'ont faite.»
Service à thé Dragon Cloud en porcelaine monochrome bleue. Couleur qui, dans l’ancien Empire chinois, représentait les cieux. La fabrication de ces pièces représente plus de mille heures de travail. Photo DR
La conversation, charmante, enjouée, sympathique, est celle d'une redoutable VRP, d'une femme déterminée qui fait l'inventaire des produits de la marque dont elle est la directrice artistique, Shang Xia, griffe de luxe chinoise lancée ex nihilo en 2009 qui ouvrira sa première boutique à Paris au mois d