Généralement loués pour leurs expériences téméraires, les Belges, ce vendredi, ont plutôt privilégié l'élégance que la démesure. Ambiance guinguette chez Ann Demeulemeester, dans le lieu le moins convivial de la capitale, Bercy, avec des guirlandes d'ampoules multicolores. Même s'il s'agit d'une collection d'été, les hommes sont emmitouflés dans des costumes (plus vendeurs que les bermudas), sous lesquels dépassent une ou deux chemises superposées, des ceintures de smoking, des nœuds en velours. La silhouette est bourgeoise, bohème et faussement désinvolte, les matières souples (lin et coton), les imprimés simples (rayés ou floraux). Les chaussures, des imitations de Dr. Martens et de Creepers, apportent la touche punk, utile pour parfaire le look de petit prince débraillé. Une chanson de Devendra Banhart, Sad Lady, clôt un défilé où le barde texan aurait sûrement trouvé de quoi enrichir sa garde-robe de dandy psychédélique.
Un peu plus loin, dans le XIIIe arrondissement des tours d'habitation, qui ferait presque oublier qu'on est à Paris, la Maison Martin Margiela reste fidèle à son penchant pour les hommes virils, mûrs (au moins 30 ans), tatoués, barbus. Une brochette de bûcherons défilent, arborant avec fierté leur costume-tablier. Noué sur le nombril, surmonté d'une grosse ceinture, le tissu forme sous le veston une petite traîne, parfois ornée de soieries et autres broderies b