Au début des années 60, une jeune femme, Christine Keeler, se retrouva au cœur d’un scandale politico-sexuel, l’affaire Profumo. Elle portait un rouge à lèvres «rose poussière». L’appellation inspira à Jean-Jacques Schuhl le titre de son premier roman, et résume, avec sa formulation oxymoristique, un certain pan de la mode britannique, entre élégance bien comme il faut et charme louche. C’est cette allure ambivalente qui a défilé sur les podiums londoniens du vendredi 13 au mardi 16 septembre. Géants mondiaux ou créateurs foutraques, tous ont proposé, pour le printemps-été 2014, une interprétation de la féminité anglaise dans une ambiance très décontractée.
La fashion week londonienne a beau s'inscrire dans le caravansérail modeux (avec New York, Milan et Paris), elle s'affirme comme singulière. Les créatures y sont les plus excentriques, les blogueurs les plus nombreux et l'ambiance la plus étonnante. A l'image du défilé Mulberry, organisé dans les salons de l'hôtel Claridge's. Pour sa dernière collection au sein de la marque connue pour sa maroquinerie, Emma Hill reproduisait le cadre d'un jardin anglais. Devant Anna Wintour (qui, chose rare, souriait) marchaient de belles jeunes femmes en robes blanches, vestes chamarrées à motifs floraux ou en ensembles nude ou bleu ciel à rayures XXL. Des pointes orange ou rouge vif électrisaient la chose. C'est avec un bouledogue anglais (habillé) que le défilé prit une tournure spectaculaire, la bête dévalant le podium au bras