Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien, demande la métaphysique occidentale ? Parce que «quelque chose», c'est pire que «rien», répond Miley Cyrus. Habillée, c'est pire que nue, comme elle l'a démontré dans son twerk historique, cette danse où l'on mime les gestes de l'amour physique. Si la pornographie ne fait plus scandale, c'est qu'elle est nue ; habillée, peut-être pourrait-elle encore faire parler d'elle. Attention, pas de contresens : l'érotisme n'a pas, comme on l'entend parfois, à suggérer plus qu'à montrer. Non, l'érotisme aujourd'hui consiste, comme l'a souligné Michel Foucault (1), à lutter contre le sexe, à en prendre le contrôle.
Voilà pourquoi le twerk de Miley obsède la Toile : cette danse réprime la sexualité pour mieux l’exhiber. Et ce n’est pas n’importe quelle fille qui s’exhibe, c’est Miley Cyrus, 21 ans, ancienne star Disney. Un peu comme si la Comtesse de Ségur avait prêté son château à Marc Dorcel. Une créature de parc d’attractions a-t-elle le droit de devenir attirante ?
Et voilà l’ancienne délicieuse petite fille transformée en produit de synthèse, réunion de deux figures essentielles à la sexualité occidentale, selon Foucault, la femme hystérique et l’enfant masturbateur… Dès lors, cette Amérique qui a tant de mal à cohabiter avec Eros voit se gonfler la poupée Cyrus.
La starlette est porteuse d’un message : la sexualité nous domine tous, elle domine même les enfants prodiges de Disney. En somme, le twerk de Miley C