Historien d’art spécialisé dans la mode, Olivier Saillard, 46 ans, est le directeur du palais Galliera et le commissaire de l’exposition «Alaïa».
Un des plaisirs de l’exposition réside dans sa scénographie tout en retenue, qui concentre l’attention sur le vêtement. Comment avez-vous procédé ?
Je suis parti du constat que l’on rénovait le musée Galliera pour le rendre à l’état d’origine : nous n’allions pas mettre en place une scénographie qui masquait ce travail de restauration. Mais surtout, Alaïa s’est toujours inquiété de la manière dont on présente ses vêtements et pour répondre à cette préoccupation, il a inventé un langage d’exposition. Celui-ci repose sur un mannequin de plastique moulé, à la forme un peu étirée, sur lequel ses vêtements sont enfilés et qui est ensuite découpé là où le vide doit s’imposer. Le mannequin est totalement invisible, on ne voit plus que le vêtement.
Il a, aussi, très rapidement souhaité que le designer Martin Szekely fasse la scénographie qui accompagne ses mannequins, et celui-ci a été soucieux de préserver du vide dans son dispositif, ce qui anoblit les vêtements. Le musée étant un peu petit, nous avons fait une sélection des robes que nous jugions absolument incontournables. Et même s’il a été très difficile d’enlever des pièces, ce travail de concentration a enlevé toute espèce de bavardage, de théâtralité inutile.
Azzedine Alaïa s’est toujours tenu un peu à la marge de l’institution, refusant notamment les décorations officielles. Comment l’avez-vous convaincu de faire cette exposition ? Comment s’est passé le travail de préparation ?
Cela fait plusieurs années que je tournais autour de lui comme une mouche… (rires) Il avait en effet dit non à beaucoup de monde avant car une telle exposition représente une forme de consécration, de reconnaissance officielle de son art qu'il ne voulait pas brader