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Interview

Olivier Saillard: «Faire un vêtement, c’est mathématique»

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Le directeur du Palais Galliera, présente aux Beaux-Arts la performance «The Eternity Dress», réalisée avec l’actrice écossaise Tilda Swinton.
Sur Tilda Swinton se déroule la délicate opération, quasi chirurgicale, de la confection d'une robe de haute couture. (Photo Ruediger Glatz)
publié le 21 novembre 2013 à 18h06

Olivier Saillard est le directeur du Palais Galliera, Musée de la mode de la ville de Paris. En 2012, il organisait The Impossible Wardrobe, une performance au cours de laquelle l'actrice écossaise Tilda Swinton s'appropriait les tenues archivées à Galliera. Jusqu'à dimanche, le tandem présente The Eternity Dress aux Beaux-Arts, à Paris, dans le cadre du festival d'Automne.

Pourquoi refaire une performance ?

Les choses s’étaient tellement bien passées la dernière fois que l’on a eu envie de recommencer. Et il y a un vrai plaisir à être sous cloche dans un endroit, à deux. Nous avons travaillé toute l’année à intervalles réguliers et, au cours de ces quinze derniers jours, on a vraiment amélioré la performance et découvert son sujet.

Qui est ?

Une conservation des gestes archaïques de la couture. Mon travail au musée est la conservation et, ici, j’essaie d’appliquer cette pratique aux gestes, pour ne pas les voir se faire avaler. Tout le monde pense que faire un vêtement est une chose banale. Alors que c’est très mathématique, bien loin de la poésie. On trace une silhouette sur un papier, on trace des lignes. S’en dégage une forme pauvre. Moi, j’écris une ossature, et on la met en gestes, Tilda trouvant des pistes.

Pourquoi Tilda Swinton ?

La plupart des performances de mode se font avec des mannequins qui sont de mauvaises comédiennes, de sublimes muettes. Tilda est plus qu’une interprète : son corps est un bloc, elle a quelque chose d’étrange. Corporellement, elle est très forte. Elle s’extrait du monde avec une facilité désarm