Cet article d'actualité-fiction a été publié dans notre édition spéciale «Libération en 2053», à l'occasion des 40 ans du journal.
C'est donc jeudi soir que s'est déroulé le 34e défilé de miss Terre. Ça se passait à Mulhaus (ex-Mulhouse), dans l'espace du KarlLagerfeldZentrum (un long tunnel sous l'eau d'un immeuble solaire) où ont flotté les quatre dernières concurrentes de la compétition de beauté interplanétaire. Quatre avatars, autant de profils différents qui révèlent, si besoin est, que l'on est bien loin des critères de beauté d'il y a un demi-siècle (Naomi Campbell, Kate Moss ou Cara Delevingne). D'autrefois, reste juste, exposé comme un clin d'œil, le chapeau cloné de Madame de Fontenay qui orchestre la fête.
Après un buffet froid de capsules et de rôti de bœuf synthétique arrosé d’une flopée de cocktails réalisés avec la glace des icebergs récemment surgis au Burkina Faso (tous les petits fours au cafard sont partis), le premier cyborg s’avance sur une passerelle transparente construite entre deux immeubles.
Il ou elle s’appelle Elia, c’est ein Métisborg : une beauté tatouée avec différents morceaux de peau, pigmentée par-ci, bronzée par-là, épilée ici et poilue là, mais aussi dotée d’un bras bionique après avoir réalisé une amputation de confort pour être plus belle avec une prothèse bigarrée. Elia, qui ne manque pas d’humour, aime la couleur, et aussi beaucoup les