Chaque saison, les créateurs tournent autour de leurs marottes, oscillent entre innovation ou concentration au sein même de leurs univers. Comme Haider Ackermann qui déroule, autant pour les femmes que pour les hommes, tout le jeu des cartes nostalgiques et mélancoliques. Dans un hôtel particulier du Marais désaffecté, devant un mur labyrinthique de miroirs, se prélassent une quinzaine de garçons, en sarouels et larges manteaux ocre ou gris. Des motifs géométriques, tribaux, couvrent les manteaux, chemises ou pantalons. Un veston blanc se porte par-dessus une veste. Il y a là des signes de l'allure personnelle du couturier français, mais dans une version idéalisée. Les rêveries d'Ackermann sont épurées, comme les visages des mannequins, aux faux airs de damnés. La douceur des pas, l'aristocratie très XIXe siècle ou la coupe des cheveux (longs et rasés sur le côté) : tout évoque le personnage incarné par Tom Hiddleston dans Only Lovers Left Alive, de Jim Jarmusch (qui sort en février), un rôle de vampire, de rockeur exilé entre Détroit et Tanger. Une impression de superbes morts-vivants que vient renforcer l'incursion, au cours du défilé, de serveurs portant des plateaux sur lesquels des chopes sont remplies d'un liquide rouge. Mais en fait de sang, il s'agit de vin chaud.
S'ils sont, grosso modo, de la même génération, Haider Ackermann et Raf Simons ont des conceptions très différe