Prénom arabe, Bouchra signifie «bonne nouvelle». Est-on prédestiné, y aurait-il un déterminisme téléguidé par des parents omniscients tout-puissants ? Bouchra Jarrar est une aubaine pour la mode, en particulier hexagonale, c'est l'avis qui court dans le milieu depuis 2011, année de son apparition dans la fashion week. Elle était alors «membre invité» de la catégorie Haute Couture à laquelle on n'accède pas juste parce qu'on a vu de la lumière. L'appellation est corsetée,les maisons élues satisfont des critères très précis. Bref, une tannée, un engagement, un serment. Bouchra Jarrar a si bien rempli le contrat qu'elle a décroché, fin 2013, le macaron de «membre permanent», l'équivalent des félicitations sur un bulletin scolaire.
Etre bonne élève : c'était l'exigence de ses parents, qui s'appliquait aussi à ses six frères et sœurs, quand elle était enfant à Cannes, où elle est née et a grandi. Un père maçon qui a «construit les plus belles villas du super-Cannes», une mère au foyer, tous deux venus du Maroc (Fez) dans les années 50, «quand la France avait besoin d'immigrés». Bouchra Jarrar, avant-dernière de la fratrie, évalue : «C'était la superplace, celle où on vous laissait tranquille. Ça n'était pas du tout pesant, je m'occupais toute seule, j'aimais le tricot, la couture, des trucs de vieux.» Sa mère coud pour ses filles, Bouchra se met elle-même à la machine. «Au début, j'ai fait des choses pour mes poupées, puis des jupes pour ma