Dans les défilés, sont souvent déposés sur les fauteuils des invités des dossiers renfermant un communiqué de presse. Ceux-ci présentent généralement peu d'intérêt. Ils énoncent le choix des matières et, avec une ou deux citations du styliste, précisent l'inspiration de la collection, à l'usage des journalistes et acheteurs fatigués. Mais chez Maison Martin Margiela, il serait dommage de ne pas les lire. Car pour chacune des tenues est détaillé non seulement le temps de réalisation (minimum 21 heures, maximum 110) mais aussi l'origine des tissus - leur «source», dirait-on dans le langage journalistique. Retravailler des matières usées ou flambant neuves, les détourner, les réinterpréter, constitue la patte de la marque depuis ses débuts en 1988. Que dire de cette collection «Artisanal» printemps-été 2014 sinon qu'elle s'attachait, avec un humour et une intelligence rares, à ne pas dévier de ce modus operandi.
Le défilé démarre par des tenues réalisées avec des tissus venus du célèbre fabricant vénitien Fortuny. Le voyage nous fait quitter la lagune pour les Etats-Unis avec des robes toutes simples, drapées, à carreaux déclinés dans des pastels et dessinés par l'architecte Frank Lloyd Wright. Détour par le Danemark avec Verner Panton ou encore la France avec Raoul Dufy. Dans chacune des tenues, s'immisce un esprit d'esthète, le tout formant un cabinet de curiosités, un étalage d'objets chéris. Le communiqué le précise : «C'est la colle