Bangkok est un magma urbain. Il faut plusieurs jours pour en comprendre le fonctionnement, trouver les lignes qui la structurent, ces grandes avenues autour desquelles se forment les quartiers. L’une de ces artères est Sukhumvit Road, un interminable grouillement de voitures qui devient une autoroute de 400 kilomètres une fois les limites de la ville passées. Et où, dans l’enceinte de la capitale, le SkyTrain jouxte les trottoirs aériens, et les nuées de vendeurs ambulants bataillent avec les piétons.
Dans une section huppée de l'avenue, quelques vitrines détonnent dans le paysage, entre les stands qui vendent des nippes, des sextoys ou du Viagra frelaté. Des mannequins de plastique se tiennent, habillés de costumes stricts. Ici se concentrent quelques-uns des tailleurs de Bangkok, soit le cœur de sa mini-industrie du sur-mesure pour homme. Un secteur bien éloigné de la vague qui agite le luxe masculin occidental (beaucoup de grandes marques ayant récemment lancé un service «bespoke»). Mais également aux antipodes de la culture des shopping malls titanesques qui parsèment Bangkok, ces immeubles proposant autant du prêt-à-porter haut de gamme que des produits de contrefaçons, dont l'éventail des marques copiées dépasse largement celui qu'on peut trouver en Europe. Si l'on trouve du faux Armani ou Tommy Hilfiger, il n'est pas rare de tomber sur des plagiats de Comme des garçons ou de la marque punk Boy London.
Evidemment, comparées à la londonienne Savile Row,