Une semaine après la sortie de Only Lovers Left Alive, il y a fort à parier que le charme vénéneux du film de Jim Jarmusch, où Tilda Swinton et Tom Hiddleston forment un sublime couple vampiresque, laissera des traces dans la mode. Ainsi, chez Undercover, le Japonais Jun Takahashi dépose des lentilles rouges sur les yeux des mannequins. Salle Wagram, devant un Thom Yorke souriant, les filles ont des allures fantomatiques, des silhouettes d'aristocrates morts-vivants. Des couronnes de faux cheveux tressés couvrent les têtes, les vestes se découpent dans un lourd tissu. La force de Takahashi est de pervertir tout ce qui pourrait constituer une inspiration trop littérale. De la royauté et son habillement, il s'amuse à donner une lecture perverse, couvre les habits de broches d'insectes ou de serpents. Des jupettes de pages sont coupées dans un tissu sport motif toile de Jouy. Quant aux manteaux, symboles de tout vestiaire de cour, ils ne doivent leurs formes qu'à des entrelacs de châles qui les transpercent, telle une toile d'araignée. Tenues d'apparat qui n'en ont que le nom et révèlent le danger et la fragilité inhérents à tout pouvoir.
Depuis ses débuts chez Carven, le Français Guillaume Henry a compris qu'il doit son succès à une nouvelle génération de jeunes femmes décontractées et ultra-connectées. Comme les personnages de la série Girls, dont la jeune actrice Zosia Mamet (Shoshan