C'est une histoire de linguistique appliquée à la mode. Un nouveau mot est apparu ces dernières semaines, supposé synthétiser le zeitgeist : normcore. Hein ? Normcore, ou la contraction de «normal» et de «hardcore». Soit une célébration de la normalité. Un concept qui va à l'encontre de l'overdose stylistique et de la surenchère visuelle qui agitent la mode.
Pour le grand public, le terme apparaît dans le New York Magazine du 24 février, dans un article signé Fiona Duncan et intitulé «Normcore : Fashion for Those Who Realize They're One in 7 Billion». Y est décrite l'émergence d'un style «vide», à base de pantalons Uniqlo, d'habits Patagonia, de Birkenstock, ou encore d'un look impersonnel, celui du touriste (américain). Depuis cette publication, la machinerie s'est emballée. Le normcore est devenu un mème, un hashtag sur Twitter, des revues en ligne ont publié des classements des meilleurs looks ou célébrités normcore. Les commentaires ont circulé, très ironiques, parfois sérieux.
De (courte) mémoire d'observation des tendances, la rapidité avec laquelle le mot s'est diffusé équivaut à celle de l'intrusion du terme «hipster» dans le langage courant il y a quelques années. Est-ce le fait qu'il soit une excroissance de la mouvance hipster, ou bien est-ce son nom oxymorique : toujours est-il que le terme a l'effet immédiat, généraliste et mémorisable