C’était il y a une dizaine d’années. La fast-fashion débarquait dans les magasins européens. Filles ou garçons, vieux ou jeunes, peu importait. Tous se convertissaient à cette mode à bas prix, portée un jour et démodée le lendemain. Les rédactrices de mode se rendaient compte qu’il n’y avait pas là que du mauvais, et sommaient leurs lectrices à porter des habits qui, pour une fois, ne coûtaient pas un bras. Et ceux qui critiquaient les conditions de production étaient, sinon ignorés, du moins ridiculisés pour cause de « non-adaptation » à l’évolution du marché. Les choses ont-elles changé ? Non, elles se sont même accrues. Mais, ces derniers temps, la fast-fashion a quitté les rubriques mode des journaux pour s’immiscer dans l’actualité internationale.
Au Cambodge, les mouvements sociaux font rage autour de la question du coût du travail. Depuis plusieurs mois, des centaines de milliers d’ouvriers du secteur du textile (la première ressource du pays) se sont mis en grève pour demander une revalorisation de leurs salaires. Aujourd’hui payés 80 dollars (59 euros) par mois, ils en réclament 160. Le gouvernement ne leur propose que 95 dollars mensuels… La violence ne fait que s'amplifier, la police a ouvert le feu et trois personnes ont été tuées début janvier.
Au Bangladesh, le deuxième fabricant mondial d’habillement où, l’année dernière, 1 135 ouvriers du textile mouraient suite à l’effondrement d’un immeuble, le secteur est au bord de l’asphyxie. Pour améliorer leur image, plu