Une beauté blonde en corset, Rufus Wainwright chantant un air à la vie parisienne, Jean Paul Gaultier posant avec une (fausse) reine d'Angleterre. Revendiquant «la même vitalité» une quarantaine d'années après ses débuts, le couturier a ouvert, la semaine passée, l'exposition qui lui est consacrée ce printemps et l'été au Barbican Center, à Londres. Inaudible dans le brouhaha, avec son accent impossible, il a tenté de dire son bonheur de revenir dans une ville dont il a partagé la fièvre dès les années 70. C'est là, dit-il, qu'il a senti que la rébellion pouvait passer par le corps et les vêtements. «Ce fut comme une injection de vitamine D.»
Jalousie. Directrice du musée des beaux-arts de Montréal, maître d'œuvre de l'exposition, Nathalie Bondil a vanté l'humanisme et le cosmopolitisme d'un créateur ayant introduit toutes les formes de mixité dans la mode. Née il y a trois ans dans la cité québécoise, l'exposition est devenue un phénomène. Elle en est à la huitième étape d'une tournée aux Etats-Unis et en Europe qui doit se poursuivre dans les années à venir. A ce jour, elle affiche plus d'un million de visiteurs, ce qui ne s'est jamais vu pour une exposition consacrée à la mode. L'Australie doit suivre. Et la France.
Pour Jean Paul Gaultier, c'était un cruel paradoxe que le message porté par cette monographie n'ait pas encore pu être présenté dans son propre pays. La faute en revient à une crise de jalousie au sein des