Ce soir d'avril, dans le Long Museum West Bund, on dirait que les murs de béton ont à peine séché: leur odeur, et celle de la peinture des sols, d'un gris légèrement plus soutenu, flotte encore dans l'air. Quinze jours après son inauguration, le musée a ouvert ses salles monumentales à Dior Homme. Les œuvres d'art ont été remisées dans les salles annexes. Place au «repeat show» de la marque française – soit le même défilé que celui de l'automne/hiver 2014-2015 montré fin janvier à Paris.
Ce qui était en France une collection forte, à la fois romantique et virile, où pois brodés et streetwear s’entremêlaient, inspirée d’une certaine idée que le créateur maison, Kris Van Assche, a de Christian Dior, l’était toujours à Shanghai, dans une scénographie bien plus marquante: les mannequins ont défilé autour d’un immense mur brut, alternant les passages devant les spectateurs et d’autres sur une «promenade» fichée à plus d’un mètre de hauteur, qui ressemblait à un ruban de béton.
Mais pourquoi fait-on des «repeat show» ? Pour présenter, à un marché asiatique encore en pleine croissance (et une croissance double qui plus est: celle du luxe tout court; et celle du marché masculin au sein du luxe), le spectacle mirifique de la mode. Ce spectacle est aujourd'hui, autant qu'une manifestation de puissance économique, la mise en scène d'une vie rêvée, d'un monde raffiné, mais aussi la démonstration d'un savoir-faire «à la française».
KVA est un créateur lucide. Il a des cont