Il va manquer à la mode. Grand, le cheveu gris fourni et bien peigné, toujours vêtu d’un costume qu’il neige ou qu’il fasse canicule, le président de la Fédération française de la couture, Didier Grumbach, a décidé de passer la main après seize ans d’activité. L’annonce a été faite ce mardi après-midi, et le comité exécutif de la Fédération a désigné Ralph Toledano, président de la division mode du groupe Puig, pour lui succéder. La tâche n’est pas mince. La mission de «président de la Fédé», à la croisée de l’économique, des relations publiques, de l’influence, est d’aider les jeunes créateurs, se faire le rassembleur des marques, dialoguer avec le ministère de l’Industrie, organiser le calendrier des semaines de la mode parisienne, accréditer les journalistes… Ce rôle, Didier Grumbach, 77 ans, s’en est acquitté avec la connaissance incomparable d’un univers dont il était l’officiel «porte-parole».
Un univers qui a profondément changé. Dans les années 90, la mode était assez bling-bling et aussi peu «créatrice» que faible sur le plan industriel. «Ce n'était pas une phase ascendante», a dit Grumbach à Libération mardi matin, avec un sens de l'understatement qui le caractérise. «On a décidé de monter en puissance à partir de 1997. Aujourd'hui, la haute couture coiffe la pyramide mode. En dessous, le prêt-à-porter a pris une place fantastique. Et Paris n'est plus contesté [entendre : comme capitale mondiale de la mode, ce qui n'est pas faux]»