Sven Marquardt, physionomiste en chef du Berghain, ne fait pas semblant d’avoir l’air dur. Si l’on pouvait mettre un visage sur le club techno berlinois, il aurait les contours de ce tatoué (jusqu’aux joues) peu loquace et a priori difficile à se mettre dans la poche. Ce Berlinois de 52 ans passe ses nuits à la porte de l’ancienne centrale électrique sortie de terre dans les années 50 – ce qui a laissé des traces côté ondes –, transformée en club techno en 2004 et devenu temple du genre où les meilleurs DJs de la planète rêvent de se voir consacrés.
Marquardt est connu pour son intraitable fermeté. Si vous ne lui revenez pas, vous resterez à la porte. Si vous ne lui revenez vraiment pas, vous ne rentrerez jamais dans le saint des saints. Sa sélection drastique a permis au club de ne pas se transformer en Disneyland de l'electro.
A l'occasion des dix ans du lieu, il a publié ses mémoires parues cet été : Die Nacht ist Leben (La Nuit, c'est la vie). Ne nous y trompons pas, le titre fort cul-cul de l'ouvrage est bien loin de ce que le Berghain peut dégager, un club moite et décadent, une cathédrale de 30 mètres sous plafond où tout est à peu près permis tant que l'on ne s'amuse pas à en faire un étendard du cool sur les réseaux sociaux. Les photos y sont interdites pour une liberté totale – et salvatrice – des membres danseurs. On n'est pas dans l'esprit Instagram, selfies et tutti quanti.
Le videur en chef est pourtant photographe à ses heures perdues. Dans ses