Menu
Libération
Enseignes

Le Marais toutes griffes dehors

Article réservé aux abonnés
Longtemps village juif et gay de Paris, le quartier voit se multiplier les enseignes de luxe, au détriment des petits commerces. Une «champs-élysation» largement portée par le BHV, sans réelle résistance.
Dans le quartier du Marais, à Paris, en décembre. (Photo Emmanuel Pierrot)
publié le 19 décembre 2014 à 18h16

Rue des Archives, sur les balustrades masquant les travaux du BHV Marais, un large graffiti montre Goldorak, le majeur dressé vers le passant. Et ces mots, «Gold Fucks», en lettres gothiques sur fond de monogramme Vuitton, clin d'œil irrévérencieux à l'arrivée de bastions du luxe dans le mythique quartier parisien.

«Centre commercial à ciel ouvert»

Le Marais vit un tournant commercial aux airs de «champs-élysation» rampante, poussée par la gentrification constante des IIIe et IVarrondissements de la capitale depuis une vingtaine d'années. L'installation des enseignes de l'hyperluxe rue des Archives, en lieu et place d'un Starbucks et d'un Daily Monop', illustre à quel point le secteur est devenu désirable. Il prouve aussi que le village, aussi gay que juif, aussi tradi que folle dans les années 90, se dilue avec le développement des commerces de prêt-à-porter. D'ici cinq mois, Givenchy, Fendi (propriétés de LVMH), Gucci (appartenant à Kering) et Moncler (marque franco-italienne dirigée par Remo Ruffini) ouvriront là des boutiques dédiées à l'homme.

Dans les environs, contrairement à ce que le Goldorak provocateur laisserait croire, la résistance est molle. Un groupe Facebook s'est créé contre «le dessèchement programmé du Marais» sans parvenir à rassembler plus de 153 membres. Vu de la rue, le Marais serait devenu, dans la bouche des riverains, «un centre commercial à ciel ouvert» et «un parc d'attractions pour touristes» entièrement tourné vers la sape. «