Louis Vuitton, connecté
La Fondation Louis-Vuitton au bois de Boulogne a beau être un mastodonte architectural, elle n'accueillait pas, pour cause de montage d'expo, le défilé, installé juste à côté dans une structure éphémère de bulles d'acier. Ce déplacement géographique de quelques mètres actait le positionnement de Nicolas Ghesquière, directeur artistique de Louis Vuitton : il cherche à se tracer un parcours tout personnel au sein de l'armada LVMH, dont il est pourtant l'un des capitaines de navire. Sur le podium, cela donne de volumineux manteaux de fourrure blanche, parfois portés avec une jupe crayon de cuir. Ou encore des robes ouvragées comme des pièces d'orfèvrerie. Et des sacs - on est quand même chez Vuitton : malles-cubes, pochette rose, cabas matelassé argent ou couvert de fourrure. Les plus beaux passages sont ceux qui témoignent directement de ce qu'un homme aussi intelligent que Ghesquière, aussi cultivé en termes d'histoire de la mode, peut faire chez Louis Vuitton. A l'image d'un manteau léopard fond moutarde et moucheté de rouge, d'une parka blanche portée avec de la fourrure. Autant de signes qui montrent que le créateur de 43 ans a les doigts branchés dans la prise de la culture contemporaine mondiale. C.Gh.
Iris van Herpen, autre sphère
«Les chaussures ont été réalisées en collaboration avec le designer japonais Noritaka Tatehana. Elles sont composées d'agrégats de cristaux en D et de cuir découpé au laser.» Très technique, le communiqué de presse qui accompagnait le défilé d'Iris Van Herpen au Palais de Tokyo, mardi, confirme l'approche de la créatrice néerlandaise (30 ans) : cérébrale, expérimentale, scientifique. Ce qui n'empêche pas le sentiment et l'onirisme. Ces chaussures étaient des pantoufles de vair postmodernes, des sculptures qui oscillaient entre orthopédie et science-fiction. Les filles ainsi perchées ne pouvaient qu'avancer au ralenti, cheveux plaqués en arrière, impassibles. Très cyborgs, créatures comme surgies d'ailleurs, exactement ce que voulait Van Herpen qui explorait là, expliquait le communiqué, la «terraformation», à savoir la modification de la biosphère d'autres planètes afin qu'elle ressemble à celle de la terre… Concrètement, ça donne une collection organisée autour de la tridimension et de la fabrication digitale, avec des effets très réussis, de relief, d'arborescence, de gaufrage, de plissé, de dentellerie, de chatoiement. Le tout de manière épurée, très tenue. Mention spéciale à une minirobe gris pâle qui semblait faite de nuages. S.Cha.