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Mode

Fashion week : Van Noten, Margiela, Givenchy

Les défilés homme printemps/été 2016 sous toutes leurs coutures.
Paris le 25 juin 2015, Fashion Week prêt-à-porter homme. Défilé du créateur Dries Van Noten Photo: Ulrich Lebeuf / Myop  (Photo Ulrich Lebeuf / MYOP pour Libération)
publié le 26 juin 2015 à 15h08

L'invitation Dries Van Noten donnait le ton : le sobre carton blanc était coloré d'une trace de rouge à lèvres carmin. Ce baiser annonçait à la fois la bouche, motif que l'on retrouvait comme un fil conducteur sur les vêtements, mais surtout un défilé placé sous le signe du glamour hollywoodien et tout ce qu'il contient de morbide.

Le créateur belge a convoqué les icônes d'un temps révolu: Elvis à la bande-son (l'indémodable Love Me Tender) et surtout, Marilyn, sous la forme de photos Getty imprimées sur des t-shirts, des vestes, des pantalons et même un poncho. L'esprit de John Lydon (aussi connu sous le nom de Johnny Rotten, ex-leader des Sex Pistols) était également présent, sa voix a résonné dans le hangar tandis que défilaient des pièces de la garde-robe post-punk : pantalon large soutenu par des bretelles, manteau léopard.

Sans se perdre au milieu de ces différentes références, Dries Van Noten les a brillament mises à distance en restant fidèle à son style (mix d’imprimés, superposition de tissus, fluidité des matières) et en choisissant, comme toujours, des mannequins dont la fraîcheur et la nonchalance soulignaient le fossé avec ces légendes aussi fascinantes que détraquées.

Le défilé a, comme à son habitude, brillé par sa mise en scène, avec en final, une explosion de cotillons irisés qui sont tombés comme de la neige sur les mannequins alignés en rang d’oignon face au public. Un bref instant, Paris a été une fête.

Maison Martin Margiela défilait dans le 18ème arrondissement, au Ground Control, bar récemment ouvert dans un entrepôt ferroviaire. Tout était d'une simplicité assez monastique. Non pas que les garçons portaient des robes de bure, mais il n'y avait pas, ou si peu, de fioritures.

Quelques clous sont posés sur des chaussures en cuir ou sur la toile d’un costume sombre. Ailleurs, des similis tabliers de boucher gris couvrent les pantalons. Le podium se remplit de mannequins tous différents les uns des autres (petits blonds, bruns chevelus etc), comme si les tenues servaient à mieux exprimer leurs personnalités.

Drôle de mise en abîme au défilé Givenchy. Les invités, parqués dans le parc Georges Brassens, attendaient l'arrivée des mannequins qui devaient traverser un catwalk composé de cages. Les badauds,  postés derrière les grilles du jardin, observaient la scène. Et profitaient du quota habituel de stars venues applaudir Riccardo Tisci (Kris Jenner, Bobby Gillespie, Courtney Love…).

Cette saison, les silhouettes s'inspiraient de l'uniforme du prisonnier, parfois de façon assez littérale, avec des combinaisons monochromes et des grosses clés de geôlier pendues autour du cou. Une image revenait partout, celle du Christ avec sa couronne d'épines, icône dupliquée sur des t-shirts, des pantalons, des shorts.

Les quelques filles qui défilaient arboraient un style très différent, loin de toute imagerie religieuse: des robes très ajourées, garnies de plumes, de dentelles, des strass. Parmi elles, Naomi Campbell, sans âge, sans robe, en bikini noir. Un autre genre d'icône.