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Le portrait

Loïc Prigent, modes & travail

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Ce fils de paysan breton s’est imposé par ses documentaires et tweets comme le meilleur chroniqueur français de la mode et de sa faune.

(Photo Frédéric Stucin pour Libération)
Publié le 04/09/2016 à 17h31

Son frère est allergique à l’échalote. Loïc Prigent n’a pas eu cette chance. «Une galère infernale», la récolte de l’échalote. «Une fois que tu l’as sortie de terre, il faut la sécher au soleil, ensuite tu la mets dans des cageots, une remorque l’emmène, puis tu la poses sur une espèce de gril qui enlève la peau et, enfin, tu peux la mettre dans des sacs…» Souvenir d’enfance de rejeton de paysan breton (Finistère nord) qui cultivait six hectares et exigeait de ses fils le coup de main. «En permanence. La grande phrase de mon père, c’était : « Faites attention d’être fatigués », rigole Prigent. J’ai révisé le bac en ramassant les artichauts, en conduisant le tracteur, les cours posés sur le volant.»Loïc Prigent a aujourd’hui 43 ans. Mais cette affaire d’échalote et de labeur se profile comme décisive dans sa trajectoire de petit prince parisien de la mode.

Loïc Prigent reçoit sans façon, à domicile, un appartement anecdotique dans le popu Barbès, en chaussettes et le cheveu en bataille, doux, charmant. L'air de rien en somme, un anti-Beau Brummell, pas un poil triomphant gonflé à l'hélium de sa hype. Comme quand on le croise lors des défilés. Soit l'inverse exact de la «modasse», cette créature oversapée en toutes circonstances, control freak des apparences, déconnectée du bon sens, garce par appétence, qui est la muse du compte Twitter de Prigent : il y consigne des phrases glanées dans le biotope fashion, un jacassage baroque, en surch