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Libération

Imprimé camouflage le must tous terrains

publié le 17 octobre 2016 à 19h21

Avec son intention affichée de fondre dans le décor celui qui le porte, l'imprimé camouflage est a priori antithétique de l'effet recherché sur les podiums. «Même les militaires ont eu du mal à l'adopter, assure le capitaine Seznec. Il y a eu une première tentative lors de la Première Guerre mondiale, mais cela n'a pas percé.»

Question d'élégance : «Déjà, au début du siècle, les troupes avaient eu du mal à quitter leur bel uniforme bleu pour adopter la couleur kaki, moins visible. Il faudra attendre la guerre d'Indochine, où la nécessité de se dissimuler dans le paysage va vraiment apparaître, pour que le camouflage soit vraiment accepté.» Les civils, eux, se feront moins prier : dans les années 70, aux Etats-Unis, on le croise régulièrement dans les manifs dénonçant la guerre au Vietnam, porté par les vétérans du conflit.

A la même époque, les surplus militaires se multiplient et les jeunes gens achètent en masse des pièces jusqu’alors réservées à l’armée. En France, quelques-uns commencent justement à se faire un nom dans la mode. Une décennie plus tard, Jean-Paul Gaultier et Jean-Charles de Castelbajac, deux inconditionnels des surplus, inviteront l’imprimé camouflage dans leurs premières collections, mais le succès reste confidentiel. Il faut attendre 2001 pour qu’un autre habitué des surplus, John Galliano, anoblisse définitivement le genre, auquel il consacre une grande partie de sa collection «anar-chic» pour la maison Dior. Son idée : utiliser le motif sur des tissus ultraféminins. On peut admirer le résultat sur une robe bustier en taffetas et crêpe georgette, exposée dans une vitrine du musée de la Mode. Décliné en brassière par Chantal Thomass, en manteau par Bernhard Willhelm ou en bomber par Gaultier, le motif devient un leitmotiv récurrent des collections pour femmes. Pour un tissu qui ne voulait pas être vu, c’est raté.