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Libération

La saharienne le basique d’élite

publié le 17 octobre 2016 à 19h21

Elle a un fusil de chasse sur ses épaules, un couteau à la ceinture et une sorte de chemise beige à grandes poches, au décolleté délacé jusqu'au nombril. C'est l'été 1968, Veruschka, mannequin iconique, crève le papier glacé du Vogue Paris en Yves Saint Laurent. L'image, choisie comme affiche de l'exposition, symbolise une victoire historique : avec Saint Laurent, la saharienne entre dans l'histoire de la mode et n'en sortira plus.

Elle y avait déjà fait une apparition remarquée dans les années 30, popularisée par les premiers explorateurs en partance pour l'Afrique. «Ils n'ont fait que copier les légionnaires déjà présents sur le terrain depuis le XIXe, explique le capitaine Seznec. Eux-mêmes s'étaient inspirés des populations autochtones et avaient adopté leurs tenues, plus adéquates que leurs costumes inconfortables.» Progressivement, les pratiques de terrain remontent vers le commandement et dans les années 30, la saharienne va être officiellement adoptée par la Légion, qui la porte toujours.

Dès lors, la veste aux poches plaquées se fait une place dans le vestiaire masculin européen. Jusqu'à atterrir sur les épaules d'Yves Saint Laurent. Dans les années 60, totalement accro au Maroc, le créateur a besoin d'un vêtement décontracté pour ses séjours au soleil, au cours desquels il prépare ses collections. «En 1968, il portait la saharienne durant son processus de création et cela a imprégné son imaginaire, suggère Xavier Landrit. Son génie, c'est d'avoir su transférer ce vêtement dans la sphère féminine, comme il l'avait fait pour le smoking. La saharienne existait déjà, lui en a fait un poncif de la mode.» D'autres créateurs s'emparent ensuite du modèle pour livrer leur propre interprétation. L'exposition en présente quelques-unes signées Bensimon, Azzedine Alaïa, Courrèges, Marc Jacobs, à côté de l'historique «Veruschka».