Comme si les militaires n'avaient pas le droit, eux aussi, de se saper comme jamais ! «C'est même à l'armée que l'on doit l'expression "être sur son 31", révèle le capitaine Géraud Seznec, commissaire de l'exposition. Car c'est en 1931 que l'institution sort sa dernière grande série de tenues de prestige. Par le passé, il y avait une grande fierté à sortir en tenue. C'est plutôt déconseillé aujourd'hui : après les attentats, on nous recommande de ne plus sortir en uniforme de façon isolée…»
A défaut de pouvoir s’offrir le tailleur-pantalon Chanel en lamé or présenté pour l’exposition, les soldats peuvent toujours miser sur les accessoires, par exemple l’une des nombreuses créations de bijoux d’inspiration martiale que le musée de la Mode a réunis.
Autre (joli) lot de consolation : désormais, ce sont les grands créateurs qui sont appelés à dessiner leurs uniformes. En 1989, Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'Intérieur, lance ainsi un concours pour élaborer la nouvelle tenue de son armée de terre. C'est la maison Balmain qui remporte la bataille deux ans plus tard, fournissant l'ensemble «Terre de France» encore porté aujourd'hui. «La tenue Balmain est très proche des vêtements civils, note le co-commissaire Xavier Landrit. On est loin des épaulettes et des boutons dorés… L'armée assume en quelque sorte cette influence, c'est le contre-pied ultime !»
Certes, mais le capitaine Géraud Seznec a tout de même quelques remarques à faire : «Cela nous a flattés, mais c’était il y a vingt-six ans… Regardez, le pantalon est un peu patte d’eph… Quel homme du civil porte le même costume aussi longtemps ? Certes, les considérations économiques l’emportent, mais on espère un renouveau.» Comme ces veinards de la police et de la gendarmerie nationale qui, en 2003, ont hérité de nouveaux uniformes griffés Balenciaga.