A priori : un garçon très propre sur lui et très sérieux, avec raie sur le côté. Dans les faits : un audacieux qui avance sur une ligne de crête. Marcheur léger sur une passerelle de rondins de bois, il arbore sur son manteau, à la façon d'un tablier de cuisine, une robe scintillante ; son souple pantacourt est couronné de franges, ses chemises ont les manches extralongues et s'ornent de coqs, sa tête est ici et là flanquée d'un drôle de chapeau à échos amérindiens, sa ceinture vire au chapelet de chaînes, son sac à main prend la forme d'un éléphant. Etrange ? En fait, il se dégage de l'ensemble une élégance paisible : le champ des possibles s'élargit sans heurt, cette affaire est précise et cohérente. C'est que le dosage fonctionne bien, entre bohème et patrimoine (les manteaux d'une noblesse imparable), queer et masculinité, originalité et classicisme, urbanité et exotisme. C'est toute la force de l'Irlandais Jonathan Anderson, aux manettes de Loewe depuis 2013 pour le plus grand bénéfice de l'illustre maison espagnole, revenue grâce à lui dans le game de la désirabilité.
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