Quand ceux-là arrivent en ville, les mâchoires se décrochent : forever freak, semblent clamer les premières silhouettes du défilé Rick Owens, ces gars rasés ou à cheveux longs ou crêpés en combinaisons asymétriques (une jambe et un bras découverts) en cachemire ou cuir, perchés sur des bottes à plateforme, au talon en plexiglas. Fins mais musclés, acérés, ils ont l'énergie électrique du chat de gouttière, des impers transparents soulignent leur anatomie. Et puis, progressivement, ils s'adoucissent et s'assouplissent en amples pantalons, tops à col montant soyeux comme le nuage, et sublimes manteaux bien marqués aux épaules qui sont sculptées façon chauve-souris ou soulignées par des aplats de couleur ou matière différente. Rick Owens, qui a notoirement l'art de modeler la matière, en particulier les cuirs, s'empare des vestiaires en architecte underground et les pièces en deviennent de luxueux cocons (couleur chocolat, taupe, noir) ou des armures (bleu Klein, jaune canari) de popstar. En sous-main, il poursuit son éloge ferme de la différence.
Rick Owens, la bombe anatomique
Backstage du défilé Rick Owens (Charles Henry Bédué/Photo Charles Henry Bédué pour Libération)
publié le 19 janvier 2020 à 20h21
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