Marine Serre, pas plus qu’un·e autre, n’était en mesure de prévoir le coronavirus et les conséquences qui en découleraient. Sa mode a pourtant des airs prévisionnistes, avec pour aspérités des masques de protection intégrés dans certains cas à une cagoule. Depuis ses débuts (elle a lancé sa marque en 2017), le travail de la Française est braqué sur la catastrophe écologique qui s’annonce ici apocalyptique. Présenté au Centquatre, dans le nord de Paris, son défilé résonne étrangement avec la crise sanitaire en cours. Une fois de plus, Marine Serre privilégie l’usage de tissus recyclés qui représentent 50 % de sa matière première (des chandails de sports d’hiver, des empiècements de fausse fourrure, des couvertures à rayures, de longs manteaux au motif pied-de-poule), en provenance, pour quelques silhouettes, de l’ameublement et du tapis en particulier.
Son imprimé fétiche - une multitude de croissants de lune - est mixé à du lycra noir sur une robe de gipsy coupée en biais. Les robes, nombreuses, sont un mélange de manches bouffantes, de volants, de couleurs flashy. Un autre motif apparaît à plusieurs reprises : la salamandre (dont le plus grand spécimen, récemment découvert, est déjà en voie d’extinction). Porté en justaucorps, il sert à recouvrir la peau dans sa globalité. Car Marine Serre ne dénude personne cette saison. On ne va pas au contact, ces jours-ci plus que d’autres. Ses modèles sont ainsi parés pour s’aventurer sans crainte dans des territoires obscurs et des temps troublés.