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La tête au cauris

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Mis sur le devant de la scène par Beyoncé, le petit coquillage, qui servait de monnaie d’échange et reste profondément ancré dans la culture ouest-africaine, suscite l’engouement d’une nouvelle génération de créatrices, qui se le réapproprient.
(Collage Johanna Goodman)
publié le 29 janvier 2021 à 17h26

Juillet 2019. Beyoncé dévoile le clip de Spirit, single issu de la compilation The Lion King : The Gift, inspirée du film le Roi lion. Parmi les pièces les plus remarquées qu'elle arbore dans sa vidéo, une parure recouvrant en partie son visage, rebrodée de cauris, fait mouche. D'un coup, ce petit coquillage, qui orne généralement poignets, chevilles, tresses et oreilles, se retrouve en haut de l'affiche. Derrière ce coup d'éclat, il y a Lafalaise Dion, une créatrice ivoirienne de 29 ans, qui a mûri sa réflexion après avoir reconnecté avec ses ancêtres (le peuple dan) et percé le mystère du coquillage au dos lisse et à la face bombée, que l'on trouve essentiellement dans les eaux chaudes des océans Indien et Pacifique. «C'est un symbole fort des sociétés ouest-africaines, détaille Dion. Il permet d'entrer en contact avec nos ancêtres et nos divinités. C'est aussi un signe de puissance et de richesse. Il représente la création et la féminité, par sa forme qui figure un vagin. Enfin, il a été, pendant des siècles, une monnaie d'échange.» L'administration coloniale française lui substituera le franc en 1945.

Fièvre

C'est en 2018 que l'Abidjanaise crée sa première pièce, une couronne ornée de cauris, pour se rendre au Chale Wote Street Art Festival d'Accra, au Ghana. «Au départ, je l'ai fait pour moi. Pour porter un élément de mon héritage culturel.» Une nuée de curieux salue la démarche. Les app