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Libération
Reportage

Les Trans n'entrent pas dans la dance

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A Rennes, ce qu'on retiendra de l'option rap-rave des XVIIe Transmusicales.
publié le 4 décembre 1995 à 11h34

Ils sont là pour se faire remarquer: ils jouent n'importe où. Ils ont donné un concert à l'Ubu dans l'après-midi, ils essayent maintenant le bar VIP de la salle omnisports, devant quelques mines un peu longues et une lumière un peu jaune, ils tournent les talons. On les retrouve donc à l'extérieur vers minuit, pas loin d'une porte où traînent quelques curieux, contre un mur de béton, dans un coin noir semé de papiers. La bruine est fine, ils sont à l'abri, ils sont deux et, côté bazar, se débrouillent comme pas deux.

D'abord, le guitariste-chanteur, Bob Log, belle gueule réjouie et veste en daim: il joue dobro et bottleneck tête baissée; un genre de Mississippi blues désossé, énervé. On aimerait en savoir plus sur ce qu'il chante mais son installation ­ un vieux combiné de téléphone posé sur un panneau de sens interdit, relié à l'appareil, raccordé à un porte-voix ­ montre quelques signes de défaillance. A ses côtés, assis sur un seau renversé, Thermos Malling, batteur moustique en bonnet et survêtement acrylique, joue vite sans quitter des yeux ses instruments qui se font la malle de temps à autre. Il tape ainsi sur un carton où tressaute une bouteille d'eau vide, une lessiveuse, une bobine de film en métal blanc, un bidon, un tuyau et une cymbale qui ne veut pas tenir en place.

Très vite, Doo Rag rassemble une cinquantaine de curieux et s'offre un petit triomphe sur l'esplanade Charles-de-Gaulle. On dit que ces nouvelles figures de l'école US bricolo ont déjà tenu tête à Bec