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Libération
Rencontre

Françoise Hardy, le goût du «Danger»

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Entre Duras et Patti Smith, une leçon d’immaturité vénérable.

Publié le 15/04/1996 à 4h10

Album: «le Danger», Virgin.

La dame de la plus haute tour du rock français arrive au troisième étage: «Je crois qu'il dort...» Un elfe chiffonné paraît dans «le soleil à contre-jour», sur fond de «petit jardin parisien», Thomas le fils guitariste photographe parolier. Un silence. La longue fée du logis, sa mère enfant, l'effleure.

La maison noire.

Françoise Hardy, comme «la France» et «hardi!», est cette sphynge évadée d'une peinture symboliste et du temps, belle au corps émacié de recluse, dont elle aurait, avec la lumière intérieure, l'animation enfermée.

Sur mocassins blancs nu-pieds, en jean noir et tunique rayée noir et blanc, distinguée, elle promène cette agitation entre les murs de sa demeure provinciale du XIVe parisien. Si elle s'écoutait, elle ne sortirait jamais, cloîtrée une semaine sans mettre le nez au Parc Montsouris.

Murs, plafonds, cage d'escalier, mobilier, tout ici est noir, comme chez Christophe ou «l'homme à tête de chou», sceau dandy de l'autre esprit des lieux, le père chanteur alter-ego farceur. «Superstar et ermite» ainsi qu'a pu la résumer son feal-biographe Daho (1), la femme fatale au foyer, immatérielle comme une collégienne en rupture de béguinage de Mallet-Joris ou Sagan, aimerait déménager, fait visiter, si réticente, «Mais, il n'y a rien...»

Mais si, il y a. Là, ces rayonnages noirs encombrés de Beauvoir. Au fond cette courette, patio urbain cerné de murailles, une verrière, et dessous la table d'amis, noire, où siégèrent à leur heur