Menu
Libération
Portrait

Eddy Mitchell, Monsieur ou M’sieu?

Article réservé aux abonnés
54 ans, 503 chansons et un nouvel album. Badoit, whisky, mauvaise foi et bientôt Bercy.
publié le 27 septembre 1996 à 10h24

C’est peut-être un mauvais jour. Fallait pas venir un lundi. C’est dur pour tout le monde, le lundi. Assistante goutte-au-nez, enrhumée: «Z’êtes qui?» Lui, il passe et repasse dans le couloir de ses bureaux de production comme un lion qui cherche sa savane. «Bonjour» à l’aller. Rien au retour. Fallait pas lui proposer un déjeuner. Ça doit le raser. «C’est avec moi que vous déjeunez... ­ On va y aller.» On y va.

En chemin. Vu l'air renfrogné. «Vous aussi, vous êtes malade? ­ Non». «La photo, ça s'est bien passé? ­ Sous un porche.» A ce rythme, le repas va être long.

Pourtant, on est à la bonne adresse. Mr. Eddy, le type sympathique qui déroule son bagout cinoche depuis que Jacques Martin a commencé à faire chanter les enfants. Eddy Mitchell, le Pullman du rock and blues de chez nous. Confortable, régulier, solide, essieux en cuivre, voix rembourrée. 503 chansons au compteur. Et, côté chronique sociale du pays, toujours à l'heure.

Sur sa route, les surnoms servent de bornes. Au début, il était Schmoll: maigre, blanc, rouquin et frisé mais 1,81 m qu'il balançait aux copains du mini-golf Drouot en guise de salut «Hé, hé, small!» (petits). Dans le lot, une souris n'avait pas l'oreille rock and roll: «schmoll», elle disait. C'est resté. Après, il était l'idole: satisfecit décerné par son premier directeur artistique content des ventes. Ensuite, il a été Gros Boeuf (pour les copains de table). Au cinéma, Nono (dans Coup de torchon), Gégé (dans Le bonheur est dans le pré)