Au début, cela ressemble un peu à un appartement à louer. Des gens se croisent, indifférents les uns aux autres, inspectent la cuisine, cherchent la chambre. Les mouvements sont silencieux, les espaces aussi. L'écoute, pourtant, s'est mise en marche, déclenchée à la vue de l'incroyable capharnaüm de la maison. Sur les murs sont accrochées de grandes installations: des amalgames de pièces électriques/électroniques, outils fossilisés, tableaux-traces du travail mené depuis quarante ans par Pierre Henry. Et, en toile de fond, des boîtes de bandes magnétiques, partout. Pour l'instant, rien ne filtre. L'oreille attend, curieuse, dans cette immobilité, elle s'arrête contre un parchemin oriental qui respire lentement au gré du courant d'air. La tige de bois au bas de la longue bande déroulée bat contre le mur. Un son net, découpé même minuscule, comme le compositeur aime en travailler.
Et puis, une fois les invités auditeurs installés dans un des petits théâtres improvisés dans chaque pièce (ils sont une quarantaine par soirée), Pierre Henry s'isole dans le studio et pilote les dix pistes d'Intérieur/Extérieur, commande du Festival d'automne, présentée in situ, dans l'univers du compositeur.
Pour d'autres, probablement, cette conception serait un gadget. Mais Pierre Henry est un artiste du sonore secret. Il le dit lui-même dans Journal de mes sons (1): «Avec moi, le travail de studio ressemble à un travail d'artisan. Il faut déplacer des boîtes, chercher une fiche, relire un vieux ca