Né en 1927, Pierre Henry a presque 70 ans. Depuis 1950, date de l'enregistrement de son Bidule en ut sur disque souple, il a contribué à l'avènement d'une autre musique dont les instruments sont microphones, magnétophones, filtres et dont la matière est concrète, réelle, environnante. Pierre Henry est d'abord le proche de Pierre Schaeffer qui fit de la radio nationale renaissante après-guerre le laboratoire de cette recherche sonore. A deux, ils signent la Symphonie pour un homme seul. Pierre Henry crée son premier studio en 1958. De là sortiront les oeuvres qui firent la réputation ambiguë du compositeur: les fameuses Variations pour une porte et un soupir, la Reine verte et Messe pour un temps présent pour le chorégraphe Maurice Béjart. C'est l'époque des modernes mais aussi des dogmes. Cette absence d'orthodoxie, ces flirts avec le rock pour la Messe de Liverpool valurent à Pierre Henry une traversée du désert, lui qui revendiqua toujours sa qualité de musicien, son statut de compositeur contre la suspicion du bricolage qui planait sur cette musique sans partition et sans orchestre. Un peu de jalousie peut-être aussi à l'égard de celui dont Philips fit à l'époque son best-seller et qui reçut le Grand Prix du disque et celui de l'académie Charles Cros. Même si la décennie 70 fut bien occupée, c'est un peu Maurice Fleuret, le directeur de la musique de Jack Lang, qui sut reconnaître la conviction de Pierre Henry, rigoureux solitaire depuis trente ans, trop vite classé dans
Portrait
Pierre Henry, de bidule en messe.
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par Christian LEBLE
publié le 25 octobre 1996 à 0h05
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