Nous sommes des haut-parleurs, pas des leaders», expliquaient l'an
passé Kool Shen et Joey Starr, les deux rappers qui ont formé NTM dans une cité HLM de la banlieue Nord. Hier, ils n'ont pas bougé une oreille. En juin dernier, après l'interdiction de leur concert à Châteauvallon par un édile du Front national qu'ils attaquent dans leurs textes («pisser sur la flamme tricolore/ le putain d'étendard du parti des porcs»), ils s'étaient gardés de jeter de l'huile sur le feu. «On a l'habitude, disaient-ils dans ces colonnes, on est sans arrêt déprogrammés dans le Sud».
«Je n'ai pas besoin de jouer un rôle, je suis subversif, c'est dans ma nature», lâchait aussi Joey Starr. C'est ce qui gratte depuis les débuts discographiques de NTM en 1990 à l'époque des émeutes de Vaulx-en-Velin. Ce qui dérange et déboussole les autorités, de l'Amérique jusqu'ici: le rap porte partout, à vitesse grand V, la rage nihiliste et brute de décoffrage des banlieues. «Le désarroi-roi» comme l'écrivent les NTM. A l'image de leur modèles américains, ils se posent en chroniqueurs d'une réalité réductible au désespoir, se foutent de la censure et de l'autocensure: «Nous sommes des journalistes sans rédacteurs en chef» .
«Où sont nos repères/ Qui sont nos modèles/ D'une jeunesse entière vous avez brûlé les ailes...», écrivent-ils dans leur dernier album, Paris sous les bombes (déjà vendu à 260 000 exemplaires). La ligne de fuite qu'ils ont suivie quand ils ont commencé à sortir de leur cité au milieu des anné