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Libération

Le zoo techno de The Aloof

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TRIP-HOP. Ces quatre Londoniens débarquent aux Transmusicales rennaises dans la foulée de «Sinking», un deuxième album mélancolique à tendance techno, qui mêle trip-hop, dub et ambient.
publié le 6 décembre 1996 à 3h29

Une histoire ordinaire qui commence dans la joie. Dans la remise d'un jardin anglais, Jagz Kooner, ingénieur du son en herbe et Dean Thatcher, DJ de la grande banlieue londonienne, s'amusent à faire tourner en boucle quelques répliques d'Apocalypse Now et bricolent en toute légèreté Never get out of the boat, un titre de dance tonique qui va circuler à vitesse grand V dans les cercles techno londoniens.

«Nous étions plutôt euphoriques, raconte le dit Jagz, vêtu de noir de la tête aux pieds; c'était le tout début des années 90. On écoutait les Stone Roses, Primal Scream, les Happy Mondays... On traînait dans les clubs et on se laissait porter par les courants du moment - la house en provenance d'Ibiza en particulier - qui nous renvoyaient une image insouciante de nous-mêmes.» Mais la béatitude, ça va bien un moment. Après la rencontre de Ricky Barrow, un chanteur qui s'ignorait, et de Gary Burns, un multi-instrumentiste surdoué, le projet The Aloof se met en train et prend vite le contre-pied de l'allégresse ambiante. Sur un fond techno-dub qui les rapproche de Tricky (un de leurs supporters) et de l'école de Bristol, ils s'essayent à monter des chansons aux accents graves et désabusés. En 1994, Cover the Crime, le morceau-titre de leur premier album, imprime la cadence avec un sujet peu groovy: «Saddam Hussein, la guerre du Golfe, les champs de mines en Irak...»

«Nous étions fatigués de ce mouvement pseudo-hédoniste, dit Ricky Barrow. Pendant des années, nous avons fréquenté d